Quand on entend quelqu’un « farcer », on peut être « ébaudi » ou « médusé », face à un fait « époustouflant ». On réagit en s’écriant : « kaï ! ou « saperlipopette ! » ou l’on dit « pince-moi » pour arriver à y croire. Pour celui qui est « décalé », on évitera de « divulgacher » la plaisanterie, pour ne pas faire de « tintamarre ».
Le verbe « farcer », qui signifie « faire des farces, plaisanter », est vieilli en France, où l’on connait surtout « farcir », de sens différent (« remplir de farce »). Il est vivant en Afrique de l’Ouest : « Celui-là, il aime farcer ! ».
« Ebaudi », participe passé du verbe « ébaudir » (v. 1100, « mettre en allégresse, égayer »), formé sur le radical « baud », « joyeux », signifie « qui est surpris, très étonné, interdit ». Il est aussi vieilli en France, mais vivant en francophonie, où il s’applique à une personne ahurie : « Je suis tout ébaudi ! ».
Le participe « médusé » (1607) nous rappelle la mythologie grecque : Méduse, l’une des trois Gorgones, avait la tête hérissée de serpents et pétrifiait ceux qui la regardaient au fond des yeux. « Méduser » signifie donc « frapper de stupeur, pétrifier ». « On en reste médusé ! C’est époustouflant ! » Ce dernier mot récent (1960), qui vient du participe présent du verbe « époustoufler », signifie « qui jette dans l’étonnement, la surprise », à en couper le souffle (le sens originel du verbe est « essouffler ») : « Cette nouvelle est époustouflante ».
En France, « kaï » est une onomatopée imitant le cri du chien qui a reçu un coup et qui a peur, répétée au moins une fois : « kaï, kaï ». En Afrique, « kaï » exprime l’étonnement, la surprise, devenant une interjection qui exprime une réaction spontanée, comme « saperlipopette », plus long et plus plaisant, qui est formé par déformation sur « sacré », comme « sapristi », un euphémisme pour dissimuler un juron jouant sur un terme religieux. Cette interjection exprime la surprise, l’étonnement, face à une situation singulière. « Ah ! saperlipotte de saperlipopette ! sapristi ! moi je serai rentier » (A. Rimbaud (1864) est le premier à avoir employé cette forme). On peut aussi réagir en disant « pince-moi », locution courante. « Pince-moi » : je demande à qqn de me pincer (saisir ma peau entre deux doigts) pour vérifier que je ne rêve pas. Et la plaisanterie connue : « Pince-mi et pince-moi sont en bateau. Pince-mi tombe à l’eau. Qui reste sur le bateau ? – Pince-moi. ... Aïe ! »
Enfin, c’est « décalé » (du verbe « décaler », de « caler », « déplacer les cales », 1845) quand c’est différent de ce qui est attendu, comme de l’humour décalé. Un décalé (nom) est une « personne qui ne suit pas les schémas de vie habituels » (Robert). L’adjectif décalé signifie aussi « qui a subi un déplacement dans l'espace et le temps » (TLFi). Le verbe « divulgacher » (ou « divulgâcher » : « Petit Larousse », 2019) est un mot valise formé de « divulguer » et de « gâcher », inventé par nos cousins du Québec, pour éviter l’anglicisme « spoiler », bien connu des jeunes, au sens de « divulguer une information clé d’une série, d’un film, pour gâcher le plaisir ». Par exemple, certains ont divulgaché en son temps la mort de Jon Snow dans « Games of Thrones » (saison 5). Enfin, le « tintamarre », formé sur « tinter », est un « grand bruit discordant » (Robert), un vacarme, un tapage. Mais en Acadie, c’est aussi une fête où l’on s’amuse à faire du bruit par tous les moyens (casseroles, klaxons, ...).
Sapristi ! Quel méli-mélo !