Pour l'amour
de la langue française

LES HUMEURS ou comment se faire de la bile

| 05 juin 2018 | par Jean-Christophe Pellat

Vous avez dit bonne ou mauvaise humeur ?

La bonne ou la mauvaise humeur dépendent des quatre humeurs fondamentales ou cardinales, « liquides organiques du corps humain », selon la médecine ancienne. Le sang, le flegme (ou pituite), la bile et l’atrabile (ou mélancolie, bile noire) étaient censés gouverner l’équilibre de notre corps et même de notre esprit ; toute pathologie du corps était considérée comme provoquée par un déséquilibre de ces humeurs.

« En termes de Medecine, on appelle les quatre humeurs, les quatre substances liquides qui abreuvent tous les corps des animaux, & qu’on croit estre cause des divers tempéraments. [...] HUMEUR, se dit aussi du temperament particulier qui vient du meslange de ces qualitez. » (dictionnaire de Furetière)

On peut être d’humeur bilieuse, flegmatique, mélancolique, sanguine, joviale...

Pour remédier au déséquilibre des humeurs, on pratiquait la saignée, qui permettait notamment d’évacuer l’excès d’humeur noire qui rendait triste, comme on le voit avec les médecins de Molière. S’ils ne trépassaient pas, les patients pouvaient peut-être guérir.

Selon La Rochefoucauld, qui se classait dans les mélancoliques, « La fortune et l’humeur gouvernent le monde. » (Maximes) ett Alceste, le misanthrope de Molière, était « atrabilaire ».

Bref, on peut se faire de la bile, de surcroit un vendredi 13, tant qu’elle n’est pas noire.

 

Jean-Christophe Pellat

Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.

Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).

En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.