« Capillotracté », adjectif composé savant récent (1968), signifie littéralement « tiré par les cheveux », au sens figuré, « amené d’une manière forcée et peu logique » (Robert). Il est composé du latin « capillus », « cheveu », et de «tracté », participe passé. Les jeunes et les autres l’emploient par plaisanterie, par exemple pour se moquer d’un jeu de mots : « Cette blague, elle est capillotractée ».
« Et enfin quand on ne sort pas, on entre, ce qui donnait « sol » pour entre entresol. Le procédé était certes tordu, voire tiré par les cheveux (pour ne pas dire « capillotracté ») mais il était efficace et sûr ». (Jacques Le Goff, « Nouvelles approches », Éditions Le Manuscrit, 2006)
« Il aimait particulièrement cet auteur qui mariait dans ses grilles l'humour à une vaste culture, même si parfois ses définitions étaient... capillotractées ». (Lucia et Mélano, « On n'éteint pas le soleil », Mon Petit Éditeur, 2011)
Plus complexe encore, ce nom de formation savante « tetracapillectomie », dont l’élément de base en latin est encadré par deux éléments grecs. Son sens est tout aussi compliqué : « action de couper les cheveux en quatre ».
De quoi avoir mal aux cheveux, effectivement !
Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.
Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).
En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.