Le nom « binette » a une origine amusante. Son premier sens est « perruque à la Louis XIV ». Le mot vient peut-être de « bobinette » ou de « trombinette ». « On a évoqué un perruquier de Louis XIV, nommé « Binet » ; si le sens initial est bien « perruque », il pourrait s'agir du rad. bin- » (Robert).
En tout cas, on perçoit « binette » comme un diminutif. D’un niveau un peu familier, « binette » signifie « visage », comme « bouille, bobine, trombine, frimousse ».
Et, de même qu’on peut se casser la figure ou la gueule (très familier), on peut se casser la binette, c’est-à-dire faire une chute. Notons l’emploi non pronominal « casser la figure » et « casser la gueule », au sens de « frapper violemment au visage ». « Binette », moins agressif, ne connait que l’emploi pronominal et l’expression connote une chute moins brutale (et moins familière) qu’avec « gueule » :
« Florence s’est cassé la binette sur une piste noire. »
On ne confondra pas les deux binettes. L’homonyme désigne un « instrument de jardinage servant à biner » (TLFi).
« Se casser la binette » ne signifie pas (encore) s’épuiser à biner la terre. « Le jardinier gratte la terre avec sa binette pour la nettoyer ou l’aérer. » Le bêcheur utilise un outil plus fort pour retourner la terre.
Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.
Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).
En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.