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de la langue française

ACCEPTATION / ACCEPTION

| 04 juillet 2018 | par Jean-Christophe Pellat

Toutes ces acceptions ne sont pas acceptables.

Ces deux noms diffèrent d’une syllabe.

Le plus long, « acceptation » est un emprunt au latin « acceptatio » (1262), « action d’accepter ». Il est mis en relation avec le verbe, suivant un modèle de dérivation bien attesté en français ; un nom d’action est formé sur un verbe avec le suffixe « -ation » très productif : « adaptation, unification, colonisation, … ». La guerre, ce n’est pas l’acceptation du risque, c’est l’acceptation pure et simple de la mort. (Saint-Exupéry)

« Acception », qui est aussi un emprunt au latin « acceptio » (XIIIe siècle), est un terme spécialisé en lexicologie : « Sens variable, nuance sémantique d’un mot suivant ses conditions d’emploi ou d’interprétation » (TLFi). Le mot liberté, comme tous ceux qui expriment des idées abstraites très-générales, est souvent pris dans une multitude d’acceptions différentes, qui sont autant de portions particulières de sa signification la plus étendue...  (Destutt de Tracy). « Acception » désigne le sens particulier d’un mot. Il peut parfois être synonyme de « sens ».

On rencontre parfois « acceptation » mis à la place d’« acception », car ce dernier est moins connu : Le côté désolé de la nature, qu’il a saisi mieux que personne, correspondant au côté désolé de sa nature à lui. Désolé, ce mot dans toutes ses acceptations, oh ! combien il est Hardy, et comme il faudra le faire voir ! (Ch. du Bos). Autrement dit, toutes ces acceptions ne sont pas acceptables.

Jean-Christophe Pellat

Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.

Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).

En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.