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CONJECTURE / CONJONCTURE : on se perd en conjectures

| 30 mai 2018 | par Jean-Christophe Pellat

En janvier, beaucoup se risquent à faire des conjectures sur la nouvelle année : politique, climat, économie, culture…

« Conjecture », nom savant emprunté au latin « conjectura » (1246), signifie principalement « opinion fondée sur des probabilités ou des apparences » (Robert), qui porte en particulier sur l’avenir (au sens de « prévision, pronostic »).

On le confond facilement avec « Conjoncture », car ces deux noms partagent le même préfixe latin, « con » (« avec, ensemble »), et leur radical savant est proche (idée de jeter ensemble pour le premier, de joindre ensemble pour le second).

« Conjoncture » est aussi un nom savant, issu de « conjointure », refait d’après le latin « conjunctus » (avant 1475). Il signifie principalement « situation qui résulte d’une rencontre de circonstances » (Robert). La presse évoque régulièrement la conjoncture économique ou internationale. Et « conjoncture » se rapproche dangereusement de « conjecture » quand il se spécialise en économie pour désigner une « technique d'analyse et de prévision économique à court terme » (Robert).

Il n’empêche que chaque nom a ses valeurs spécifiques. On continuera à faire des conjectures sur l’avenir en essayant de juger la conjoncture favorable ou défavorable dans toute sa complexité.

Jean-Christophe Pellat

Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.

Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).

En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.