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DÉNOTER / DÉTONNER

| 04 juillet 2018 | par Jean-Christophe Pellat

Une confusion détonante ?

Si ces deux verbes sont très proches (une simple inversion de syllabe), ils n’ont pourtant aucun rapport de sens.

« Dénoter », issu du latin « denotare » (v. 1160) signifie « indiquer, désigner par quelque caractéristique » (Robert) : Armand était un homme d'une taille élevée ; l'allure naturelle de son corps dénotait la force. (F. Soulié). Il a un sens particulier en linguistique, « renvoyer au sens habituel d’un mot », par opposition à « connoter ».

« Détonner », verbe intransitif dérivé de « ton » (au sens musical) avec le préfixe «  » (1611), signifie principalement, au sens figuré, « ne pas être dans le ton » : Il y a, dans toute œuvre immense, des chapitres qui détonnent. (A. Maurois).

Le lapsus le plus fréquent, qui consiste à employer « dénoter » à la place de « détonner », a des effets comiques assurés, d’autant plus que « dénoter » a un petit air savant qui peut impressionner ceux qui n’utilisent pas ce verbe : « cette coiffure, cette robe, ce costume, ça dénote ».

Curieusement, on confond moins les deux homonymes, « détonner » et « détoner », « exploser en faisant du bruit », relié à « tonner ». Ce serait un mélange détonant !

Jean-Christophe Pellat
Jean-Christophe Pellat est professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, où il a enseigné en Licence, Master et dans les préparations au CAPES et aux agrégations de Lettres. Spécialiste de grammaire et orthographe françaises (histoire, description, didactique), il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, dernière éd. 2016) et de diverses grammaires scolaires. Dans ses travaux sur la didactique de la grammaire en FLE et FLM, il s’attache à l’adaptation des notions aux différents publics concernés.