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Alphonse Daudet est né il y a 180 ans

| 05 août 2020 | par Jean-Christophe Pellat

Alphonse Daudet est né à Nîmes le 13 mai 1840. Destinée paradoxale de cet écrivain classé comme provençal et qui passa l’essentiel de sa vie à Paris...

Car ce sont « Les Lettres de mon Moulin » (1869) qui ont fait sa notoriété, fictivement écrites dans son moulin de Fontvieille, où il n’a jamais habité. Ce recueil de nouvelles, de « chroniques provençales » devenues des références culturelles (« La chèvre de Monsieur Seguin »), charme toujours ses lecteurs, alliant l’humour et l’émotion. Sous la couleur locale (voir « Le poète Mistral »), entre Pagnol et Giono, Daudet anime une société ancienne, où la vie n’est pas toujours facile, dans des registres variés : le récit de voyage « En Camargue », le comique historique de « La Mule du Pape » (qui n’est pas inoffensive comme une pantoufle), la tragédie de « l’Arlésienne », qui a créé une expression proverbiale (« c’est l’Arlésienne », qu’on ne voit jamais).

Les Lettres ont éclipsé une production romanesque importante. A. Daudet évoque sa jeunesse difficile dans « Le Petit Chose » (1868) et, après le réalisme caricatural de « Tartarin de Tarascon » (1872) et de ses suites, il publie des romans réalistes, où il dépeint la société de son époque : le commerce et l’industrie dans« Fromont jeune et Risler aîné » (1874), les affaires et la politique dans « Le Nabab » (1877), et il exprime sa compassion pour l’enfance malheureuse dans « Jack » (1876). Ses romans se rattachent au réalisme et, même s’il est ami de Zola, il n’adhère pas au naturalisme.

Les œuvres de Daudet sont toujours agréables à lire, grâce à l’art du conteur, avec « un singulier mélange de fantaisie et de réalité » (A. Daudet) :

« Autour de nous, les étoiles continuaient leur marche silencieuse, dociles comme un grand troupeau ; et par moments je me figurais qu’une de ces étoiles, la plus fine, la plus brillante, ayant perdu sa route, était venue se poser sur mon épaule pour dormir... » (« Les Etoiles »).

Jean-Christophe Pellat
Jean-Christophe Pellat est professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, où il a enseigné en Licence, Master et dans les préparations au CAPES et aux agrégations de Lettres. Spécialiste de grammaire et orthographe françaises (histoire, description, didactique), il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, dernière éd. 2016) et de diverses grammaires scolaires. Dans ses travaux sur la didactique de la grammaire en FLE et FLM, il s’attache à l’adaptation des notions aux différents publics concernés.