« Le Petit Prince » (1943) lui a donné une renommée mondiale, avec sa rose, son renard : « Dessine-moi un mouton. » Mais au-delà d’un conte pour enfants, il donne à réfléchir aux adultes : – Qu'est-ce que signifie «apprivoiser»? dit le Petit Prince. – C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie «créer des liens...».
Connaître ce n'est pas démontrer, ni expliquer. C'est accéder à la vision.
On oublierait un peu vite que Saint-Exupéry a été un pionnier de l‘aviation, avec tous les risques que cela comportait. Pilote de ligne aventureux, pilote d’essai audacieux et pilote de guerre courageux, il a disparu lors d’une mission en Méditerranée en 1944. Ses romans se nourrissent de son vécu : après « Courrier Sud » (1929), qui évoque la liaison héroïque entre Toulouse et Dakar, « Vol de Nuit » (1931) raconte la vie d’une équipe de l’Aéropostale en Amérique du Sud. Le roman prend une dimension tragique, quand l’avion du pilote Fabien est pris dans une tempête. On est sensible à l’évocation poétique du ciel, au-dessus des nuages d’orage, comme les perçurent les premiers aviateurs : « Il errait parmi des étoiles accumulées avec la densité d’un trésor », tout en sachant qu’il était perdu. Cette expérience tragique donne aussi lieu à une réflexion sur l’héroïsme, le dépassement de soi de l’homme face à la machine qui l’emporte.
Enfin, « Terre des hommes » (1939) a la forme d’une autobiographie, où Saint-Exupéry évoque ses souvenirs de pilote et de correspondant de guerre, les pilotes qu’il a côtoyés. Il donne une place importante à la méditation sur le sens de la vie et le destin des hommes, cruel pour certains (« C’est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné »). Au fond, l’on peut se dépasser, mais la solidarité entre les hommes est indispensable :
« La grandeur d’un métier est, avant tout, d’unir les hommes ».