On peut considérer la période de la Révolution française comme une transition entre le français classique et le français moderne proprement dit.
La phonétique et la syntaxe ne changent guère ; la Révolution se manifeste surtout dans le lexique, à commencer par la fréquence de certains mots révolutionnaires : « nation, patrie, peuple, fraternité, régénération » et, bien sûr, « révolution » ; les mots existants prennent des sens nouveaux. Les noms de lieux, les prénoms changent (les saints sont remplacés). Avec la clarification des poids et mesures, le « mètre » et le « kilogramme » s’imposent. Dans la vie sociale, « Monsieur, Madame » cèdent temporairement la place à « citoyen, citoyenne ». Le « calendrier révolutionnaire » de Fabre d’Églantine (« ventôse, fructidor, ... »), instauré en 1793, sera aboli en 1806.
La Révolution met en place une vraie politique de la langue, absente dans l’Ancien Régime. Elle décrète, le 2 Thermidor an II, que « nul acte ne pourra, dans quelque partie que ce soit du territoire de la République, être écrit qu’en langue française ». L’abbé Grégoire fait à la Convention (1793) un « rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser la langue française », dont la diffusion est soutenue par la création des écoles primaires de l’État (1793) et des Écoles normales (an II). Cependant, cette politique de la langue, esquissée par la Révolution, sera réalisée au XIXe siècle, surtout sous la troisième république."
Pour approfondir, retrouvez une excellente synthèse plus détaillée dans :
A. Rey et alii, « Mille ans de langue française, histoire d’une passion. II. Nouveaux destins », Perrin, 2007, p. 109-138.