Rappelons que Marcel Proust a reçu le prix Goncourt le 10 décembre 1919 pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs, le deuxième volume d’À la recherche du temps perdu, et que ce prix fut l’épilogue d’un épisode célèbre qui l’a opposé à André Gide.
Quand M. Proust voulait publier le premier volume, Du côté de chez Swann, il a adressé son manuscrit à Gallimard. Le colis, soigneusement emballé, a atterri sur le bureau d’A. Gide, alors directeur littéraire de la Nouvelle Revue Française, dont Gaston Gallimard était éditeur-gérant. A. Gide a refusé le manuscrit, retournant le colis à M. Proust sans même l’ouvrir. Céleste Albaret, servante dévouée, en donne des preuves irréfutables dans « Monsieur Proust ». Il faut préciser qu’à l’époque, M. Proust passait pour un mondain, habitué des salons aristocratiques, il n’était pas encore considéré comme un écrivain.
M. Proust a donc dû publier Du côté de chez Swann en 1913 chez Grasset à compte d’auteur. Quand G. Gallimard a appris ce refus d’A. Gide, il a sommé celui-ci d’aller présenter ses excuses à M. Proust. C. Albaret raconte avec humour ce beau moment vécu alors par M. Proust, dont les livres ont été ensuite publiés chez Gallimard.
Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.
Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).
En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.