Devant « moi, toi, nous, vous », il se met à la 3e personne du singulier :
« c’est moi, c’est nous, … »
Devant « eux » ou « elles », « est » ou « sont » sont possibles, « mais le singulier semble prévaloir, surtout à la forme négative » (« Bon usage », § 933) :
« Ce sont eux qui seront plus tard écoutés » (A. Gide) vs. « Ce n’est pas eux que je combats » (A. de Saint-Exupéry).
Quand « être » est suivi d’un groupe nominal ou d’un pronom autre que personnel, il s’accorde généralement avec lui : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent » (Hugo).
Mais le singulier est fréquent à l’oral et se rencontre aussi à l’écrit : « C’est des histoires ». Divers contextes sont favorables au singulier (voir la longue liste présentée dans le « Bon usage »), comme l’identité orale entre singulier et pluriel : « Ce n’était pas des confidences qu’elle murmurait » (M. Barrès).
Au fond, c’est la question du figement qui est en jeu. Avec l’évolution de la langue, cette structure qui était libre au départ (on disait en ancien français « ce sui je, ce es tu », car « ce » est attribut du sujet postposé) se fige et le bloc « c’est » tend à être invariable en personne, même s’il varie encore, mais pas toujours, en temps. On peut considérer que ce bloc figé peut aussi expliquer la tendance à se passer là du « ne » négatif : « C’est pas moi, c’est ma sœur… ». Mais c’est une autre histoire, sur laquelle on reviendra.
Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.
Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).
En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.