Quand l’interrogation indirecte comporte une structure impersonnelle, on peut hésiter sur ce qui se passe avec celle-ci : la garder telle quelle (« ce qu’il se passe ») ou intégrer le sujet dans le relatif « qui » (« ce qui se passe ») ? Oralement, les deux structures sont très proches ; elles sont même identiques dans un niveau familier, où « il » est réduit à « i » : « ce qui se passe ». « Qui » est le sujet habituel d’une construction personnelle : « Prends ce QUI te plaît ». « ‘Qu’il’ apparaît dans le tour impersonnel », où « qu(e) est « tantôt complément d’un infinitif (…) : Nous ferons le chemin QU’il convient de parcourir’ (…) ; – tantôt sujet logique : ‘Il arrivera ce QU’il arrivera’ ». (« Bon usage », § 717 b 2°) (il arrivera cela).
Le choix n’est pas totalement libre. « ‘Qu’il’ s’impose quand ce qui suit le verbe ne peut être analysé que comme sujet logique. ‘Je prendrai ce QU’il me plaira de prendre’ » (« ibidem »). Cependant, « quand le verbe impersonnel n’admet comme sujet logique qu’une proposition, ‘qui’ est préféré : ‘C’est ce QUI ressort de son exposé’ ». (« ibidem »).
Cette grande complication, qui appelle une analyse linguistique subtile, explique que les auteurs hésitent entre les deux structures (exemples du « Bon usage ») :
- Certains préfèrent « qu’il » : « Elle ne comprend pas ce qu’il lui arrive. » (L. Aragon) – « Tout ce qu’il vous reste à découvrir. » (G. Duhamel) - D’autres emploient « qui » : « Quoi qui arrivât dans sa vie. » (H. de Montherlant) – « Le peu de courage qui lui reste. » (R. Rolland)
Au fond, le maintien de la structure impersonnelle avec « qu’il », quand c’est possible, est plus soigné que sa disparition avec « qui », car l’impersonnel avec « il » s’emploie aujourd’hui plutôt à l’écrit.
À chacun de voir ce qu’il sent le mieux !
Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.
Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).
En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.