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de la langue française

Par contre / En revanche

| 01 octobre 2018 | par Jean-Christophe Pellat

Deux locutions adverbiales proches, mais pas interchangeables...

Apparemment, « par contre » et « en revanche » expriment la même idée d’opposition :

« Si le jardin se trouvait à l'ombre, la maison, par contre, était en plein soleil » (G. de Maupassant).

« Et quant au peintre, si sa prétention est déplaisante quand il cherche à étonner, en revanche c’est une des plus belles intelligences que j’aie connues. » (M. Proust).

Ces deux locutions adverbiales semblent faire double emploi.

« Par contre », formé d’une préposition et d’un adverbe, attesté dès le XVIe siècle, « est entré dans l’usage général, même le plus exigeant, au cours du XIXe siècle, malgré la résistance des puristes » (« Le Bon usage », § 965, e 4°) suivant Voltaire et Littré et il est très employé, y compris par les écrivains. Le rejeter dans le « langage commercial » est artificiel.

Car leur sens n’est pas exactement le même : « en revanche » véhicule une idée d’échange, de rétablissement d’équilibre, « en retour, en compensation, en contrepartie » ; « par contre » marque plus nettement l'opposition, notamment à un énoncé antérieur. L’orientation argumentative de ces locutions n’est pas la même : « par contre » « introduit un avantage ou un inconvénient, alors que « en compensation » et « en revanche » n'introduisent qu'un avantage. Si on peut les employer dans la phrase «  S'il n'a pas de cœur, par contre il est intelligent  », il est impossible de les substituer à « par contre » dans celle-ci : «  S'il est intelligent, par contre il n'a pas de cœur  » (Le Grand Robert).

Jean-Christophe Pellat

Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.

Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).

En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.