« Quoi qu’il en soit » est une expression difficile à maitriser graphiquement, car son sens est complexe. Par facilité, on tend à souder « quoique », qui se confond alors visuellement avec la locution concessive « quoique », confusion vivante jusqu’au XVIIIe siècle, car « quoique » est issu de la soudure de « quoi » et « que ». On distingue : « quoi que tu fasses » et « quoique tu fasses ton possible » (« Bon usage, § 1149 c 2°).
« Quoi que » est l’association de l’interrogatif « quoi » et du relatif « que », qui ne sont plus sentis comme tels. Ce groupe a une fonction dans la subordonnée, le plus souvent objet direct (Quoi que pût dire ou faire son mari, Stendhal) ou attribut du sujet : « Quoi qu’il en soit » est devenu « une sorte de locution adverbiale figée quant au sens (« peu importe ») » (« Bon usage »).
Pour faire la distinction (« Grammaire de référence », p. 446), la locution « quoique » peut être remplacée en bloc par « bien que » :
« Il suait à grosses gouttes quoique ce fût au mois de janvier » (J.-L. Guez de Balzac). Exemple de saison !
« Quoi que » peut être paraphrasé par « quelle que soit la chose que » :
« Quoi qu’il décidât, il céderait à une humeur et non à une évidence » (S. de Beauvoir).
Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.
Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).
En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.