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A quoi sert la lettre Z ? (question de jeune : Paul, 14 ans)

| 02 mars 2023 | par Jean-Christophe Pellat

La vingt-sixième et dernière lettre de l’alphabet a d’abord une valeur phonétique, pour noter le phonème [z]. Pourtant, elle est le parent pauvre, car celui-ci est noté dans 90% des cas par l’omnipotente -s- entre voyelles (« poison, désert, rose »).

A quoi sert la lettre Z ?

La lettre « z » est employée surtout dans des mots d’origine étrangère, issus de l’arabe ou de l’hébreu (« azur, azyme, bazar, bizarre, zéro, » ...) ou d’autres langues (« zinc, zèle, gaz, gazon, rizière »). On trouve aussi « z » dans les noms de nombre supérieurs à dix (une série unifiée de « onze » à « seize »), mais on écrit « x » pour noter [z] dans « deuxième, dixième ». Quand on écrit zz, ce n’est pas encore l’onomatopée « zzzz... » qui évoque un léger vibrement (insecte, ronflement, ...). La lettre double zz se prononce [z], [ts] ou [dz] dans quelques mots étrangers, généralement d’origine italienne, comme « pizza » (« blizzard » est d’origine américaine). La finale des verbes, des noms et des participes passés en « é » s’écrivait autrefois -ez au pluriel («vous chantez ; amitiez, liez »), le -z servant à indiquer la prononciation « é », contrairement au -s final (« tu chantes, files, pâtes »). En 1762, l’Académie a remplacé ce -z par le -s, avec accent sur le « e » dans les noms et participes (« amitiés, liés »). Mais elle a gardé certaines finales en -ez (« chez, nez, assez, » ...), notamment à la 2e personne du pluriel des verbes (« vous aimez »). Parmi les mots qui commencent par un « z », certains sont très savants (« zodiaque, zénith »), d’autres très courants (« zapper, zoom »), avec des effets de répétition (« zinzin, zozo »), sans parler de « Zorro », de « Zorglub » (Spirou) ou de la chanson de Pierre Perret. R. Queneau, le père de Zazie, a écrit les « zieux » en jouant sur la liaison avec « yeux », qui expliquent le verbe familier « zieuter », « jeter un coup d’œil ». En créole, jouant aussi sur la liaison plurielle, un ou une « zoreille » est un(e) métropolitain(e). L’origine de cette appellation crée la zizanie entre spécialistes.Restons zen.

Jean-Christophe Pellat
Jean-Christophe Pellat est professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, où il a enseigné en Licence, Master et dans les préparations au CAPES et aux agrégations de Lettres. Spécialiste de grammaire et orthographe françaises (histoire, description, didactique), il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, dernière éd. 2016) et de diverses grammaires scolaires. Dans ses travaux sur la didactique de la grammaire en FLE et FLM, il s’attache à l’adaptation des notions aux différents publics concernés.